Alors que les familles préfèrent aujourd’hui garder les enfants au sein du foyer et que les offres de formation se sont considérablement développées, entraînant une baisse importante des élèves internes, l’internat reste une offre indispensable, qui recouvre des réalités bien plus variées que ne l’exprime son singulier.
Entretien avec Jean-Marie Ballenghien, adjoint laïc du provincial des Frères des Ecoles Chrétiennes-La Salle France
 Quel est le profil aujourd’hui des élèves internes ?
 Il y a autant de réponses que d’internats ! Il est difficile de fournir une typologie des internats car les besoins auxquels ils répondent sont très différents et souvent liés àdes données territoriales. Celui d’une grande ville comme Paris ou Lyon ne répondra pas aux mêmes attentes que celui situé dans un département faiblement peuplé, où les élèves sont internes en raison de la distance qui les sépare de leur domicile.
La seconde donnée concerne l’offre de formation de l’établissement. Certaines spécialités sont rares et supposent que les élèves ou étudiants viennent de loin. Les projets d’internat sont donc très divers.
Quelle est la différence avec les décennies précédentes ?
Une des différences, c’est que les internes ne sont plus aussi jeunes qu’autrefois. Il est rare aujourd’hui d’entrer àl’internat en 6ème. Les parents préfèrent garder les enfants au sein de leur foyer. Par ailleurs, comme l’offre de formation s’est considérablement développée ces dernières années, tout comme le réseau de transport, y compris dans les villes moyennes ou les zones rurales, l’offre éducative a rapproché les élèves et les jeunes étudiants des établissements, ce qui rend l’internat moins nécessaire, d’autant que ce n’est pas gratuit. D’autre part, l’internat a parfois été considéré comme réservé aux enfants difficiles, mais cette vision réductrice de l’internat n’est plus adaptée.
L’internat a connu un regain ces dernières années, grâce àdes projets pédagogiques exigeants, comment voyez-vous son avenir ?
Comme je le disais, l’avenir de l’internat ne répond pas àun modèle unique, mais au contraire, il est lié àchaque projet d’établissement. Chaque communauté éducative doit prendre la mesure de la spécificité et de l’intérêt de son internat. En effet, l’internat doit trouver sa place au sein du projet d’établissement. Si celui-ci est riche, l’internat sera un véritable atout, au service de ce projet. Je pense notamment au travail de l’équipe pastorale, qui peut développer des projets spécifiques pour les internes. La difficulté majeure, c’est de réussir àfaire l’unité de la communauté éducative, qui a des rythmes et des horaires de travail forcément différents, afin que ce qui se vit àl’internat soit en résonnance avec ce qui se vit dans l’établissement en journée. C’est la seule façon d’assurer la cohérence du projet éducatif et de ne pas faire de l’internat un élément àpart, mais au contraire, un des éléments de réussite du projet global.