Deuxième lecture du dimanche 12 septembre 2021
À quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : « J’ai la foi », s’il n’a pas les Å“uvres ?
La foi peut-elle le sauver ?
Si un frère ou une sÅ“ur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise :
« Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous », sans leur donner ce qui est nécessaire àleur corps, àquoi cela sert-il ?
Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les Å“uvres, elle est tout àfait morte.
Au contraire, on dira :
« Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les Å“uvres ? Montre-moi ta foi sans les Å“uvres ; moi, c’est par les Å“uvres que je te montrerai ma foi. »
Jacques 2, 14-18
Méditation
« On a de la chance, Padre, d’avoir un chef de corps chrétien. » Me disait un adjudant-chef non préoccupé par les questions religieuses mais qui devait se souvenir de ce que « le populaire » attend de celles et ceux qui se disent croyants. Pour ma part, sans le lui dire, j’avais le même regard et la même admiration sur ce chef menant son régiment dans la justice, la vérité, le discernement éclairé, l’estime pour ses hommes et de l’amour je crois. Ses œuvres, aurait dit Jacques, exprimaient sans paroles ce qu’il était, ce qui le faisait vivre et lui donnait d’être, dans son commandement et je le crois dans sa vie… Témoignage parmi beaucoup d’autres que je pourrais donner et qui ont éclairé ma foi, me conduisant de plus en plus au silence par peur que mes paroles, si faciles dans les rares moments où j’étais tenu d’en prononcer, ne résonnent dans le désert faute de cohérence avec mon agir… Être, souvent se taire ; témoigner de ce qui nous fait vivre par notre manière d’être, plutôt que par nos beaux discours qui sont trop souvent des simulacres d’idéologie identitaire, voire sectaire, mais sans effets. Le père Cerrac disait en parlant de toute sa vie aux Indes : « Je ne suis pas venu convertir, mais témoigner de l’amour que Dieu àtravers moi leur porte. » Dans les évangiles, Jésus pose un acte et s’en explique après : « Vous voyez ce que je viens de faire. » L’action, les œuvres, les gestes et les paroles trouvent un socle exprimant leur vérité et inspirant ce que nous avons àêtre, non en imitation mais dans la conviction que Jésus pose des actes nous invitant àle suivre dans les nôtres.
Heureux parents entendant leurs enfants, en apparence loin de la foi qu’ils regrettent de n’avoir pas su leur inculquer, leur poser cette question : « Qu’est-ce qui vous donne de vivre ainsi ? Où trouvez-vous la force d’être ce que vous êtes et que nous admirons en vous ? »
Légitime souffrance, parfois, chez ces parents pour ce qu’ils croient avoir « raté », mais ces questions doivent leur redonner confiance ! La graine est semée, questionnante ; aux enfants de trouver eux même la réponse àleurs questions… Et si la foi était au cÅ“ur de cette manière d’être, de vivre, qui les questionne dans cette incroyance d’un monde sans repère, ou dont les repères ne sont guère porteurs de sens ni d’amour.
Merci Jacques de ne cesser de m’interpeller sur les risques de paroles trop faciles non suivies d’actes concrets les justifiant, alors que le témoignage peut faire naître la question de Jacques Brel : « Et si c’était vrai ? »
Question qui peut mener loin, très loin ; l’amour de Dieu étonnera toujours !
Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire àla Valfine, Jura
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Illustration : saint Jacques, DR