Première lecture du jeudi 11 mars 2021
Voici ce que j’ai ordonné àvos pères : Ecoutez ma voix, alors je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Suivez en tout la voie que je vous prescris pour votre bonheur. Mais ils n’ont pas écouté ni prêté l’oreille ; ils ont marché selon leurs desseins, dans l’obstination de leur cœur mauvais, tournés vers l’arrière et non vers l’avant.
Depuis le jour où vos pères sont sortis du pays d’Egypte jusqu’àaujourd’hui, je vous ai envoyé tous mes serviteurs les prophètes ; chaque jour je les ai envoyés sans me lasser. Mais ils ne m’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont raidi leur nuque, ils ont été pires que leurs pères. Tu leur diras toutes ces paroles, ils ne t’écouteront pas. Tu les appelleras, ils ne te répondront pas. Tu leur diras : Voici la nation qui n’écoute pas la voix de Yahvé son Dieu et ne se laisse pas instruire. La fidélité n’est plus : elle a disparu de leur bouche.
Jérémie 7, 22-28
Méditation
Jérémie prononce cet oracle au temps du roi Joiaqim (609-598), frère de Joachaz. Ce dernier n’avait régné que trois mois, le pharaon Néko l’avait déposé et remplacé par son frère. Après l’Egypte, l’ennemi du sud, voici maintenant l’armée babylonienne qui arrive par le nord, conduite par le roi Nabuchodonosor. Le royaume juif est donc sous la menace constante des puissants empires voisins. Croirions-nous que cela conduirait les habitants de Jérusalem àchanger leur comportement et àvivre davantage de solidarité et de partage ? – Absolument pas. Ils durcissent leurs oreilles pour ne pas entendre les paroles des prophètes, ils raidissent leur nuque pour ne pas avoir àcourber l’échine. Les événements dramatiques ne leur apprennent rien. Ils sont tournés vers l’arrière, l’époque du calme et de la prospérité, et non pas vers l’avant.
Ne faisons-nous pas comme eux lorsque nous désirons, après les assauts de la pandémie, revivre comme avant ? Or, si nous consommons comme avant, si nous suçons la terre au-delàde ses ressources, si nous continuons de polluer l’atmosphère terrestre, si nous ne partageons pas davantage, nous courons, nous aussi, àla catastrophe. Des prophètes nous parlent, pourtant. Dans la conférence de Carême qu’il a prononcée àLyon le dimanche 28 février, l’écrivain Alexis Jenni nous suggérait de remplacer dans notre vocabulaire les termes « nature » et « environnement » par celui de Création. Tous les biens qu’elle contient viennent de Dieu, ils sont pour tous, la propriété privée ou étatique doit céder devant l’exigence du partage.
L’histoire risque toujours de se répéter. Il nous revient d’ouvrir nos oreilles et d’assouplir notre nuque, pour éviter que les désastres passés ne se reproduisent, ou ne soient remplacés par d’autres, plus graves encore.
ÂÂ
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àLyon
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Illustration : Le Prophète Jérémie, portail de l’abbaye Saint-Pierre de Moissac