Les quatre évangélistes rapportent cette scène de l’expulsion des vendeurs du Temple. Luc insiste moins que les autres sur la violence du comportement de Jésus. Il ne renverse pas les tables des changeurs, comme chez Mathieu et Marc. Il ne se fait pas un fouet de cordes comme chez Jean. En revanche, il est le seul à souligner que les chefs du peuple juif ne parviennent pas à trouver comment nuire à Jésus, car « tout le peuple l’écoutait, suspendu à ses lèvres ».

Quelle qu’en soit l’exactitude de tel ou tel détail, en voulant rendre au Temple son rôle maison de prière, Jésus accomplit une action prophétique, comme les prophètes d’Israël ne s’étaient pas privé de le faire. Il cite d’ailleurs Isaïe (56, 7) et Jérémie (7, 11) qui, l’un comme l’autre, ne retenaient pas leurs gestes et ne mâchaient pas leurs mots.

Le contraste entre l’attitude des grands prêtres, des scribes et des notables du peuple d’une part, et celle des gens ordinaires d’autre part, est flagrant.

Combien de chefs religieux sont coupés du peuple dont ils prétendent animer la vie spirituelle et religieuse ! Cela peut prendre des formes diverses : le cléricalisme, le carriérisme, l’emprise, tout ce qui met les responsables religieux à part de façon injustifiée, au lieu qu’ils se distinguent par leur sens du service et la sainteté de leur comportement.

L’actualité de l’Eglise catholique rappelle qu’elle est tragiquement touchée par ce mal : le pape François essaie d’y remédier en favorisant la collégialité, mais il y a fort à faire pour que les choses bougent.

Donne-nous, Seigneur, des prophètes qui dénonceront les comportements déviants. Donne-nous des évêques, des prêtres et des diacres qui seront d’abord des frères avant d’être des chefs. Que ton Esprit d’unité souffle sur ton Eglise.

Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Lyon

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Méditation biblique

Illustration : Jésus chassant les marchands du temple, Anne-Louis Girodet, Musée des Beaux-Arts de Rennes