Première lecture du lundi 6 juillet 2020ÂÂ
Ainsi parle le Seigneur :
C’est pourquoi je vais séduire mon épouse infidèle,
je la conduirai au désert
et je parlerai àson cœur.
Là, elle répondra comme aux jours de sa jeunesse,
comme au jour où elle montait du pays d’Égypte.
Il adviendra, en ce jour-là– oracle du Seigneur –
que tu m’appelleras « Mon mari »,
et tu ne m’appelleras plus « Mon Baal » (c’est-à-dire « mon maître »)
Je te fiancerai àmoi pour toujours ;
je te fiancerai dans la justice et dans le droit,
dans la tendresse et la miséricorde ;
je te fiancerai àmoi dans la fidélité,
et tu connaîtras le Seigneur.
Osée 2, 16.17b-18.21-22
Méditation
Le peuple d’Israël, interprétant l’énigme de notre condition humaine, déchiffre dans ses Écritures le mystère de l’Alliance. C’est un chemin de conversion permanente, transformant nos manières de voir, de comprendre notre rapport au divin aux autres et au monde, dans une évolution progressive.
Entrer dans une intelligence relationnelle avec le vivant, tel est le défi de la condition humaine. Elle demande une qualité d’écoute, de réceptivité et de confiance. Il y a des manières de penser la toute-puissance de Dieu, qui façonnent notre rapport au monde dans le registre de la domination et de l’asservissement. Penser la gouvernance d’un peuple dans un rapport « jupitérien » déploie une note où la parole de l’autre risque mal d’être accueillie. Nos histoires humaines et communautaires sont alors pétries de violence où l’espace de la rencontre est malmené.
En nous faisant sortir de la dialectique « Maitre-esclave » bien avant l’Evangile, le prophète Osée nous éclaire sur la volonté de Dieu : « Tu m’appelleras : ‘Mon époux’ et non plus : ‘Mon Baal’ » (c’est-à-dire ‘mon maître’) ». Le rapport que Dieu veut vivre avec ceux qui entrent dans son Alliance entre en résonnance avec ce que l’homme découvre quand il s’engage sur le chemin de la nuptialité. Un dialogue de confiance, de rêves et de difficultés partagées pour être surmontées, pardonnées dans l’amour.
Cette révélation de Dieu comme époux – honte àceux qui dans l’Eglise ont perverti ce langage pour abuser et asservir l’autre dans une volonté obscure de domination – signifie que Dieu seul sait aimer notre humanité plurielle. Dieu épouse Israël dans la diversité de ses douze tribus. Le Christ Jésus, dans le don de sa vie, épouse toute l’humanité dans sa diversité au Nom de Dieu. Cela signifie que nos toutes représentations du vivant sont àconvertir dans le jeu de la pluralité, dans une sortie de la volonté de puissance. La parole refrain de l’encyclique Laudato Si’, « Tout est lié », nous appelle àconvertir nos modes de fonctionnement. L’heure est venue, dans cette crise écologique mondiale, d’entrer dans cette intelligence du rapport àla pluralité, dans l’esprit de l’unique époux : l’agneau de Dieu.
Antoine Adam, prêtre de l’Oratoire àParis
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