Méditation du père Jean-Marie Martin
Évangile du 5 février 2020
Évangile du 5 février 2020
Le sabbat venu, Jésus se mit àenseigner dans la synagogue, et le grand nombre en l’entendant étaient frappés et disaient : « D’où cela lui vient-il ? Et qu’est-ce que cette sagesse qui lui a été donnée et ces grands miracles qui se font par ses mains ? Celui-làn’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon ? Et ses sÅ“urs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient choqués àson sujet. Et Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, dans sa parenté et dans sa maison. » Et il ne pouvait faire làaucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Il parcourait les villages àla ronde en enseignant.
Marc 6, 2-6
« Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, dans sa parenté et dans sa maison… » Une parole de la Bible qui a traversé les frontières et les siècles sous la forme : « Nul n’est prophète en son pays ! » J’en ai trouvé une vingtaine d’adaptations àtravers le monde. La plupart du temps, elles sont fidèles àl’expression d’origine, mais parfois on trouve des aménagements curieux comme celles-ci, au Maroc : « Gayat dial douarna makay farejchi* », Le clarinettiste de notre village ne nous émerveille plus ; ou bien cette autre au Vietnam : « Bụt nhàkhông thiêng », Le génie de la maison n’est pas sacré (pas compétent), il n’a pas de pouvoir ; ou encore une adaptation Russe : « Vezde khorocho gde nas net », Partout est bon où ne nous sommes pas.
Bien sûr, même en ces diverses adaptations, nous retrouvons l’essence du propos de Jésus. Un exégète – que je ne suis pas – pourrait nous dire si Jésus a utilisé une maxime de son époque, ou si ce sont ses propos qui ont fusé àtravers les siècles car ils traduisaient une vérité caractéristique de l’être humain. Mais alors pourquoi des paroles aussi essentielles que : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ou [plus magnifique encore, àmon sens, car ça, ce n’est pas de l’amour guimauve] : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien àceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » Pourquoi, allais-je dire, ces paroles ne se propagent pas autant que notre maxime, et surtout ne se mettent pas en pratique avec bonheur partout dans le monde ?
Et il ne pouvait faire làaucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains. Voilàque Jésus aussi est infirme, àcause du manque de foi de ses contemporains, il ne peut guérir que ceux qui reconnaissent en lui un reflet d’eux-mêmes, àsavoir, les infirmes. Mais nous savons bien que Jésus a pris toutes nos infirmités, alors, nous avons tous de quoi nous reconnaître en lui, établissons-nous en totale confiance àson égard.
*En phonétique
Jean-Marie Martin, prêtre de l’Oratoire àParis.