Qui es-tu, toi qui juges ton prochain ? Jacques 4.12
Comment mieux prendre la place de Dieu qu’en nous arrogeant le droit de juger nos semblables ?
Il ne s’agit pas ici de dénier àtoute société humaine le droit, dans un cadre organisé, de rendre la justice pour que la société vive en paix, parce qu’il faut le rappeler, justice et paix sont extrêmement liées. Non ! Il s’agit plus, dans cette méditation, de nous interroger sur la façon tellement courante, rapide et dévastatrice avec laquelle nous posons des jugements, non pas sur des actes, mais sur nos frères eux-mêmes.
Cette péricope, issue de l’épître de saint Jacques, veut nous dire que juger son frère, c’est sortir de notre place d’homme, et en devenant juge, prendre la place de Dieu lui-même qui seul sonde les reins et les cÅ“urs. Dès lors que je juge mon frère, je ne suis plus son égal. Je ne peux pas juger mon semblable, parce que justement mon frère est mon semblable jusque dans le péché.
Nous retrouvons quelque chose de très similaire dans l’évangile de Mathieu au début du chapitre 7ème lorsque Jésus stigmatise cet esprit de supériorité supposée et surtout d’hypocrisie qui caractérise beaucoup d’entre nous. Si mon frère a une paille dans l’œil, que j’aille lui porter secours plutôt que de juger des raisons qui font qu’il a une paille dans l’œil. Et  si cette paille ne peut pas partir, alors que je le soutienne plutôt que le condamner àvivre avec ce mal.
S’il est vrai qu’être chrétien ce n’est pas non plus tout supporter – surtout ce qui heurte notre conscience – en revanche, il s’agit bien de se donner tous les moyens, pour comprendre et aider ceux et celles qui parfois nous heurtent, nous dérangent, nous malmènent même. Ce sont les actes, les comportements qui peuvent être jugés et jamais les hommes et les femmes. S’il nous est demandé de rejeter le péché, en revanche, étant nous-même pécheurs, nous ne pouvons qu’accueillir notre frère pécheur. J’oserais presque dire d’ailleurs : « qui d’autre qu’un pécheur qui se reconnait pécheur, peut le mieux comprendre un autre pécheur ? ».
Et c’est alors que, reconnaissant notre péché commun, nous pourrons entrer en intercession pour nos frères, plutôt que de les juger, prier pour eux, et pour nous, pour implorer notre guérison commune, demander le pardon, pardon pour lequel Jésus est mort en croix et nous a, toutes et tous, rachetés de manière définitive.
Le salut et le pardon sont déjàlà, donnés une fois pour toutes. Alors plutôt que de nous ériger en juges agissons plutôt en apôtres de la miséricorde, toujours et partout.
Patrice CAVELIER, diacre de Paris àl’Eglise Saint-EustacheÂÂ