Est tiède ce qui réchauffe modérément. Même si quelques fois ce mot se rapproche de la douceur, (Zola parle de la tiédeur de l’amour maternel) la plupart du temps il est apparenté àun manque d’ardeur, de ferveur, voire d’indifférence. Jean Cocteau écrivait aussi « Dieu ne supporte aucune tiédeur. Il exige le silence ou les hardiesses » (Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 46).
Ce mot de tiédeur est souvent pris pour un synonyme de neutralité. La définition que l’on pourrait donner de ce mot proche, pourrait être le fait de s’abstenir de prendre parti, ne vouloir faire aucune différence dans le traitement des choses. Bien d’autres définitions, plus précises, peuvent être données en fonction des choses et des circonstances, mais on sent bien que ces deux mots ont un vague air de cousinage.
Dans l’Apocalypse (3.16) le Seigneur dit : « Aussi, puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche ». Comment pouvons-nous interpréter cette parole ?Trop souvent, par peur de prendre des risques, par ce que nous croyons être de la charité, nous nous contentons d’une demi-mesure, alors que ce n’est pas ce que le Seigneur attend de nous.
Qu’est ce qui compte le plus aux yeux de Dieu que le feu qui nous brûle intérieurement ? Ce n’est pas tant le respect des règles, des dogmes, de la bienséance – qui ont bien évidemment leur importance et leur place –  qui compte que le feu qui m’anime, le feu qui fait que je suis capable de révolte, le feu qui me fait hurler contre tous, pour Lui, pour que son règne arrive.
A lors où est-il donc en moi, ce feu qui me consume ? Est-il toujours présent ? Où est-elle cette force qui me pousse en avant pour aller contre vents et marée dire au monde entier que je crois au Christ, que je crois en sa résurrection, que je proclame qu’il est le Seigneur de toute chair sous le soleil ? Beaucoup de nos contemporains ont de la force. De la force pour se battre pour des idées, de la force de conviction politique.
La force du chrétien ne saurait être tiède. Elle doit claquer comme des cymbales, elle doit étonner tout le monde qui nous côtoie. Cette force doit mettre ànu mon cœur dans toutes les situations, non pas dans une forme d’exhibitionnisme pornographique, mais comme le moteur qui anime toute ma vie. Montrer mon cœur, parfois violent, mais bien vivant ! Montrer un cœur qui saigne parfois de tristesse et d’angoisse, mais un cœur qui vit pour Dieu, pour mes frères ! C’est le cœur et la force du cœur qui compte avant tout.
Le prophète Samuel s’imaginait que Dieu l’enverrait choisir le fils aîné de Jessé car il était fort et de belle prestance. Mais Dieu lui, « regarde le cÅ“ur ». C’est ce qui existe au fond de notre cÅ“ur qui compte aux yeux de Dieu.
Patrice Cavelier, diacre de Paris – paroisse de Saint-Eustache