« N’ayons jamais cette âme habituée. »
Une adresse du Père Jérôme Prigent, prêtre de l’Oratoire de France et président du Train de la Mémoire, au retour du 11e voyage.
Nous voici, je n’ose pas dire au terme du voyage, tant il est vrai que le Train commence bien en amont et prolonge ses échos ou ses ondes de choc bien au delàdu retour gare de l’Est. Je suis de plus en plus sensible àla dimension indéterminable, non-manipulable, des réactions personnelles de lycéens confrontés àla découverte d’Auschwitz. La seule connaissance du dossier historique, philosophique ou religieux ne suffit pas. La structuration du voyage « fonctionne » comme une forme qui ne formate pas. Qui donne du temps àla pensée autant qu’àl’affect.
Les intervenants des différents débats étaient frappés de voir que chaque question posée permet d’approfondir les précédentes (la mise en oeuvre du projet nazi, la psychologie des différents acteurs, la question de l’après, la vie juive en Europe…). De même pour les animations radio (très riches cette année): certes harmonisées au préalables, elles ne se recoupaient jamais. Péguy dont j’évoquais la méditation sur l’espérance mardi àBirkenau, disait qu’il y a pire qu’une âme médiocre : c’est une « âme habituée ». N’ayons jamais cette âme habituée.
Jérôme Prigent, prêtre de l’Oratoire de France, président du Train de la Mémoire