« Ne vivons pas le carême à moitié ! »
Méditation du P. Michel Quesnel
Méditation du P. Michel Quesnel
1ère lecture du mercredi 9 mars
La parole du Seigneur fut adressée à Jonas : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. » Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser. Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! » Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac. La chose arriva jusqu’au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre. Puis il fit crier dans Ninive ce décret du roi et de ses grands : « Hommes et bêtes, gros et petit bétail, ne goûteront à rien, ne mangeront pas et ne boiront pas. Hommes et bêtes, on se couvrira de toile à sac, on criera vers Dieu de toute sa force, chacun se détournera de sa conduite mauvaise et de ses actes de violence. Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère ? Et alors nous ne périrons pas ! »
En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.
Jonas 3, 1-10
« Ne vivons pas le carême à moitié ! »
Le livre de Jonas est une fiction, un conte plein de poésie et d’humour. Trois jours de marche à pied pour traverser Ninive, la capitale de l’Empire Assyrien, cela suppose un diamètre d’au moins soixante kilomètres ! Aucun document historique n’atteste de la conversion du roi de Ninive, et tout à l’avenant !… Mais le conte est un beau genre littéraire, et il peut être porteur d’un message important.
On y apprend qu’un païen peut avoir une attitude de foi authentique, plus qu’un croyant : Jonas est un trouillard, un grognon et fait tout en demi-mesure… Les habitants de Ninive et leur roi, au contraire, ne font pas les choses à moitié : ils s’habillent de toile à sac et s’assoient sur de la cendre, un rite de pénitence significatif ; le jeûne prescrit est pour tous, y compris les animaux ; et ils crient « vers Dieu de toute leur force ».
On y apprend que Dieu est sensible aux supplications de tous, y compris des personnes au passé violent ou idolâtre, et qu’il peut changer d’attitude lorsque des humains se tournent vers lui avec cœur. Jésus, d’ailleurs, se référera au comportement des Ninivites pour en souligner la qualité de foi, supérieure à celle des Juifs de son temps : « Lors du jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas » (Luc 11,32).
Nous sommes alors invités à ne pas vivre un carême en demi-teinte, en ne nous privant pas de grand-chose et en priant à peine plus qu’à l’ordinaire. Le pape François nous y invite, en union avec nos frères ukrainiens. Sortons de notre confort !
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Lyon
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Illustration : Vue d’artiste des palais assyriens des Monuments de Ninive par Sir Austen Henry Layard, 1853 (ici, le palais de Nimroud)