Des Oratoriens méditent la Bible. Luc Forestier (03.05.2017)
Première lecture
du mercredi 3 mai 2017
Fête de saint Philippe et saint Jacques
Première lecture
du mercredi 3 mai 2017
Fête de saint Philippe et saint Jacques
Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; sinon, vous auriez cru en vain.
Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, àsavoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu àCéphas, puis aux Douze.
Ensuite, il est apparu àplus de cinq cents frères àla fois – la plupart d’entre eux demeurent jusqu’àprésent et quelques-uns se sont endormis – ensuite il est apparu àJacques, puis àtous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu àmoi aussi, comme àl’avorton.
1 Corinthiens 15, 1-8
Nous sommes habitués àemployer le mot « évangile », avec une lettre minuscule, en le mettant souvent au pluriel, désignant les quatre premiers textes du Nouveau Testament. L’existence de ces quatre évangiles, qu’il est impossible de réduire àun seul document synthétique, manifeste clairement que, pour la foi chrétienne, unité et pluralité sont données ensemble. En structurant progressivement le Nouveau Testament, jusqu’àséparer l’œuvre de Luc (évangile puis Actes des apôtres) pour placer au milieu l’évangile de saint Jean, l’Église reconnaît que, dans ces documents essentiels, toujours proclamés dans la position du ressuscité, le Christ parle aujourd’hui àses disciples.
Avec la première lecture de cette fête de deux apôtres, saint Paul emploie le même mot, mais au singulier. La plupart des éditeurs mettent une majuscule au mot pour en souligner l’importance, même si nous savons bien que cette nuance typographique n’existe pas dans le texte original en grec. Mais que signifie alors ce mot « évangile » ? En l’assimilant àune simple information, la traduction habituelle « bonne nouvelle » ne rend pas complètement la puissance que saint Paul lui reconnaît.
En effet, « l’Évangile » est avant tout l’objet d’une transmission en 1 Co 15. Paul reconnaît qu’il n’est pas àl’origine de ce qui le fait vivre aujourd’hui, car il l’a reçu au plus intime de lui-même. Loin d’être une simple information que l’on pourrait communiquer, l’Évangile n’est pas séparable de la singularité d’une existence, et s’inscrit toujours dans une biographie. Pour Paul, c’est initialement l’expérience de la manifestation du Ressuscité qui fait basculer sa vie. Cette expérience est commune àbeaucoup d’autres personnes, mais propre àchacune, de sorte qu’il est impossible de donner une liste complète de tous les « apôtres » qui en sont bénéficiaires. Pourtant, cette expérience inédite n’est ni ineffable, ni incommunicable, puisqu’elle s’appuie sur les Écritures, ce qui permet de transmettre cette transgression de la mort.
Tôt ou tard, nous faisons cette douloureuse expérience de la déchirure qu’est la mort d’un proche. Il était là; il n’est plus. La résurrection d’un mort est donc une réalité incompréhensible et irreprésentable pour notre humanité. Pour décrire cet Évangile qu’est la résurrection de Jésus-Christ, saint Paul s’appuie sur les Écritures – c’est-à-dire ce que nous appelons l’Ancien Testament. Là, dans ce trésor porté par le peuple d’Israël, qui en vit aujourd’hui, nous trouvons ce qui permet de goûter l’expérience de la résurrection du Christ. Celle-ci peut alors s’inscrire dans notre propre existence, selon les Écritures, jusqu’àfaire de nous des acteurs de la transmission de la puissance de l’Évangile.
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Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire àParis