Des Oratoriens méditent la Bible. Luc Forestier (14.02.2018)
Première lecture du mercredi 14 mars 2018
Première lecture du mercredi 14 mars 2018
Ainsi parle le Seigneur :
Au temps de la faveur je t’ai exaucé,
au jour du salut je t’ai secouru.
Je t’ai façonné et j’ai fait de toi l’alliance d’un peuple
pour relever le pays,
pour restituer les héritages dévastés,
pour dire aux captifs : « Sortez »,
àceux qui sont dans les ténèbres : « Montrez-vous. »
Ils paîtront le long des chemins,
sur tous les monts chauves ils auront un pâturage.
Ils n’auront plus faim ni soif,
ils ne souffriront pas du vent brûlant ni du soleil,
car celui qui les prend en pitié les conduira,
il les mènera vers les eaux jaillissantes.
De toutes mes montagnes je ferai un chemin
et mes routes seront relevées.
Les voici, ils viennent de loin,
ceux-ci du Nord et de l’Occident,
et ceux-làdu pays de Sînîm.
Cieux, criez de joie, terre exulte,
que les montagnes poussent des cris,
car le Seigneur a consolé son peuple,
il prend en pitié ses affligés.
Sion avait dit : « le Seigneur m’a abandonnée ;
le Seigneur m’a oubliée. »
Une femme oublie-t-elle son petit enfant,
est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ?
Même si les femmes oubliaient,
moi, je ne t’oublierai pas.
ÂÂ
Isaïe 49, 8-15
Voilàune lecture joyeuse qui nous aide àcomprendre que le Carême n’est pas d’abord un temps de pénitence, mais un temps de préparation àla lumière de Pâques ! Et c’est la joie de la Résurrection qui nous conduit ànous préparer, en rangeant quelque peu notre existence, de même que la perspective de recevoir un ami nous pousse àfaire le ménage àfond !
Voilàen effet que s’annonce la Semaine où nous revivrons les étapes essentielles de notre baptême, en accompagnant les catéchumènes baptisés dans la nuit pascale, en reformulant personnellement la foi de l’Église. Dieu agit aujourd’hui, et prend en charge ceux qui sont oubliés. Le Seigneur se manifeste dans l’histoire de son peuple, et le relève du milieu des tourments qu’il traverse.
Préparer Pâques nous conduit donc àtraverser l’expérience de la mort pour ressusciter avec le Christ. Et le temps du Carême nous prépare progressivement, en nous rendant conscients des lieux de morts qui nous habitent, parfois très profondément enfouis dans nos existences d’hommes et de femmes, parfois agitant la surface de nos vies, soumises aux vents qui soufflent en tous sens.
Or, la force de ce passage du livre d’Isaïe tient àla dimension politique de cette opération, souvent enfermée dans nos intimités. En réalité, l’action de Dieu dans l’histoire a une dimension publique, car l’objet de son action est, tout àla fois, la personne et le peuple, et jamais l’une sans l’autre. C’est frappant dans les derniers mots où le peuple est assimilé àun nouveau-né que sa mère n’abandonne pas. C’est aussi effectif dès les premières lignes, quand le prophète rappelle la pérennité de l’alliance que Dieu a proposée àson peuple. Malgré l’infidélité de ce dernier, Dieu agit pour que son peuple bénéficie du salut qu’il lui offre, sous mode du rassemblement grâce aux routes ainsi crées. Or, ces routes profiteront aussi àtoutes les nations : c’est avec Israël que Dieu a noué une alliance, et voici qu’elle dépasse le peuple que Dieu aime toujours.
Il en va naturellement de même pour nous, car le salut que nous accueillons, et que nous célébrons particulièrement àPâques, décentre l’Église et la conduit àse tourner vers tous les peuples.
La joie de Pâques n’est pas uniquement l’expérience d’un salut personnel qui nous permet de traverser les ravins de la mort, c’est aussi la constitution d’une petite réalité politique, appelée « Église », qui anticipe et annonce le royaume, dont elle diffère autant que la graine est différente de l’arbre de vie où tous les oiseaux trouvent refuge !
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire àParis