Huit jours avant Noël, un compte à rebours liturgique se déclenche, avec un contraste assez marqué entre, d’une part, les évangiles qui se rapprochent de la belle histoire de Noël, et des premières lectures toujours tirées de l’Ancien Testament. En écoutant l’évangile, on prend conscience du tissu narratif dans lequel Matthieu ce lundi, puis Luc tout le reste de la semaine, ont situé la naissance de Jésus. Mais c’est en lisant les lectures de l’Ancien Testament, avec le psaume responsorial, que l’on prend conscience du contexte humain où prend place cette naissance, c’est-à-dire à l’intérieur de l’attente du peuple d’Israël.

Là où l’assimilation récente de Noël à une fête commerciale et familiale, risque de nous plonger dans un océan de sucreries et de consommations, la permanence d’Israël comme peuple aimé de Dieu nous aide à comprendre, aujourd’hui encore, la portée subversive de la naissance du Christ. Après Noël, on verra bien que la naissance de Jésus dérange un ordre établi, comme le montrent la violence d’un Hérode, le geste curieux de ces mages venus d’Orient, la joie des anges et des bergers.

La prophétie de Jérémie le dit aujourd’hui, dans un texte toujours porté par les Juifs. Certes, le Messie est bien de la descendance de David, mais voilà que Jérémie annonce un « roi intelligent » ce qui paraît désobligeant pour le grand David. De plus, l’annonce du droit et de la justice constitue un rappel cinglant des modalités contestables du gouvernement des rois passés. Témoin et acteur de la fidélité de Dieu, Israël n’attend donc pas le grand retour des solutions du passé, mais au contraire une nouveauté qui jettera une lumière crue sur les errances d’hier.

Ainsi, l’Enfant de Noël que nous accueillerons dans quelques jours ne va pas nous replonger dans les fêtes de notre enfance ! Il va éclairer d’une lumière toujours nouvelle les temps qui s’ouvrent, nous invitant à la vie, à l’intelligence, à la justice, au droit. Tout cela nous est donné, mais il faut accepter de recevoir les vrais cadeaux de Noël, ce qui est toujours un acte de liberté et de joie.

Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire à Paris