Des Oratoriens méditent la Bible. Luc Forestier (20.03.2017)
2e lecture du lundi 20 mars 2017.
Solennité de saint Joseph
2e lecture du lundi 20 mars 2017.
Solennité de saint Joseph
De fait ce n’est point par l’intermédiaire d’une loi qu’agit la promesse faite àAbraham ou àsa descendance de recevoir le monde en héritage, mais par le moyen de la justice de la foi.
Aussi dépend-il de la foi, afin d’être don gracieux, et qu’ainsi la promesse soit assurée àtoute la descendance, qui se réclame non de la Loi seulement, mais encore de la foi d’Abraham, notre père àtous, comme il est écrit : Je t’ai établi père d’une multitude de peuples – notre père devant Celui auquel il a cru, le Dieu qui donne la vie aux morts et appelle le néant àl’existence. Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples, selon qu’il fut dit : Telle sera ta descendance.
Voilàpourquoi ce lui fut compté comme justice.
(Romain 4, 13.16-18.22)
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Pour la grande majorité d’entre nous, ce n’est pas au peuple d’Israël que nous appartenions avant d’être baptisés. Certes, il y a toujours un petit nombre de Juifs qui, aujourd’hui comme hier, font le choix de suivre Jésus-Christ jusque dans le baptême. Le fait d’être chrétiens ne les retire naturellement pas du peuple d’Israël, comme le revendiquait le cardinal Lustiger (1926 – 2007), qui ne parlait jamais du judaïsme au passé. Comme pour tous les membres du peuple d’Israël, on comprend cette reconnaissance d’Abraham comme leur père commun. Même si ce lien de filiation n’est sans doute pas une descendance biologique qui pourrait être scientifiquement démontrée, Abraham constitue un élément structurant pour Israël, moins sans doute que ne l’est Moïse, sur lequel saint Paul insiste davantage.
Pour Paul, la mise en valeur de cette paternité commune d’Abraham, àlaquelle sont associés par grâce les païens devenus chrétiens par le baptême, lui permet de souligner l’importance de la foi, et de relativiser la loi. La foi est un don gratuit, qui n’est pas le fruit d’une volonté, même si elle implique toujours un libre consentement. La foi n’est pas au bout des efforts humains, mais elle naît de l’écoute d’une Parole qui vient susciter notre adhésion. Pour le christianisme, Dieu n’est pas une évidence qui s’imposerait par la force d’une démonstration, refusant toute authentique liberté humaine. La foi est plutôt un acte de reconnaissance, parfois en espérant contre toute espérance, qu’en Jésus-Christ Dieu transmet une ultime Parole qui suscite l’amour.
C’est en effet l’expérience de l’amour qui est la meilleure façon de se représenter la foi, tant l’amour conjugal, que l’amour d’amitié, ou l’amour du souci des plus fragiles. On ne peut pas décider d’aimer, ni forcer àaimer. En revanche, la rencontre d’une personne concrète permet d’expérimenter la naissance et la croissance d’un amour, pour lequel notre liberté sera engagée dans la fidélité. Un grand théologien du XXe siècle, Hans-Urs von Balthasar, avait titré l’un de ses livres essentiels : « L’amour seul est digne de foi ».
                                                          Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire àParis
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