Or les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu, ils disent àJésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or dans la Loi Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ? »
Ils disaient cela pour le mettre àl’épreuve, afin d’avoir matière àl’accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit àécrire avec son doigt sur le sol. Comme ils persistaient àl’interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! »
Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol. Mais eux, entendant cela, s’en allèrent un àun, àcommencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, avec la femme toujours làau milieu.
Alors, se redressant, Jésus lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle dit : « Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. »
Jean 8, 3-11
Méditation
Ce joyau lucanien dans son écrin johannique est une maison aux entrées multiples. La miséricorde divine en est le socle, les lectures varient selon nos états d’âme. Ce jour se sera le « Non regard de Jésus».
Pourquoi se baisse-t-il et grattouille-t-il la terre, si ce n’est pour ne croiser aucun regard. Ni celui de la femme qui devant témoins, dans les yeux de Jésus se serait sentie condamnée… Ni celui de ces canonistes. Son regard, les rengorgerait dans leur certitude. Le face àface crée l’orgueil dans le paraître àdéfendre.
Jésus se baisse. » Celui qui n’a jamais péché »… » La Parole plane sur ces hommes prisonniers d’une institution plus légaliste que miséricordieuse. Les temps ont-ils changés ? – Leur conscience est éveillée. L’intime de l’être est questionné. Leur vérité interpellée ils se retirent.
Plus de témoins Jésus peut se redresser. Regarder la femme et la femme le regarder. Dans ces regards croisés, elle prend conscience de sa faute mais ne lit pas sa condamnation. Elle lit un pardon. « Va ne pêche plus » Sa faute n’est pas niée. La femme – nous tous – n’est pas réduite àses actes, mais àce qu’elle est ouverte àrenaitre. Exceptionnellement ici, les regards ne précèdent pas la Parole, celle-ci précède. Le regard suit l’effet des prises de conscience. de son regard chargé de miséricorde, Jésus suivra cette femme jusqu’au coin de la rue. Nul doute qu’alors c’est vers le ciel qu’il élèvera le sien en Action de grâce. Regard et Parole en perpétuelle cohérence.
Michel Dupuy, Prêtre de l’Oratoire àLa Valfine, Jura.