Pâques : Vivre du souffle du Ressuscité, par Antoine Adam
Nous avons traversé cette Semaine Sainte en vue de célébrer Pâques, la victoire
du Ressuscité. À cause de lui, nous pouvons comprendre que le terme de notre
histoire n’est pas la mort, mais la Vie. J’ai peu à peu découvert que cette foi au
Christ ne consiste pas simplement à croire que nous ressusciterons lorsque nous
mourrons, mais qu’il s’agit dès maintenant d’accueillir son souffle qui aère nos
pensées et nos mémoires. Si la vie nous a meurtris, si les blessures ont pu altérer
notre confiance, appesantir notre mémoire, ce Ressuscité vient nous libérer des
entraves empêchant notre vie relationnelle de se déployer. Il traverse les pièces
les plus retirées et obscurcies de notre demeure intérieure et vient les aérer de sa
présence « qui trouve sa joie dans ce qui est vrai, supporte tout, fait confiance en
tout, espère tout, endure tout » comme le laisse entendre Paul dans sa première
lettre aux Corinthiens. Croire au Ressuscité, c’est aujourd’hui, accueillir cette
présence que saint Jean qualifie « de grâce », sur laquelle nous ne pouvons mettre
la main…
Pour comprendre ce changement que Dieu opère dans le coeur des
hommes, je vous invite à lire, en cette période du temps pascal, le livre des Actes
des apôtres de saint Luc. Si ces faits nous sont racontés, ce n’est pas pour que
nous les regardions comme des actes du passé, comme on regarde les objets d’un
musée, mais pour que nous comprenions comment l’Esprit Saint, le souffle de
Dieu, agit et travaille aujourd’hui notre humanité. Orientés vers la fête de la
Pentecôte, je nous souhaite d’être attentifs à cette présence du Christ et de son
Esprit qui nous tirent du pays des regrets, du passé mythifié, pour devenir des
messagers de sa grâce. Notre pays vit une période électorale incertaine, des
mutations rapides transforment le paysage de notre vie sociale, des changements
heureux ou moins heureux bousculent les communautés chrétiennes, mais la
grâce de Jésus Christ, cette présence insaisissable du Verbe incarné, donnée à
l’homme, demeure plus que jamais. Ayons le goût de le chercher pour ne pas
perdre cœur, afin de nous réjouir – avec lui – de vivre ce temps.
Antoine Adam, recteur de Saint-Bonaventure et chapelain de l’Hôtel-Dieu