Comment un prêtre italien a-t-il découvert, et reçu, Pierre de Bérulle ?
Lorsque j’étais étudiant en théologie, avant d’être ordonné prêtre, mon professeur de théologie fondamentale Giuseppe Ruggieri, un expert de la théologie de l’âge moderne, m’a confié l’étude des Å“uvres de Pierre de Bérulle, que je ne connaissais pas et qui était seulement connu en Italie de quelques spécialistes.
J’ai approfondi ma connaissance de Bérulle et ai par la suite j’ai élargi ma recherche àl’ensemble de la période du XVIIe siècle, dont j’ai fait le sujet de ma thèse de doctorat. J’ai déplacé mon champ d’investigation de la christologie àl’anthropologie, suivant la pensée de Congar je crois qu’il a une valeur en soi l’étude de la grande tradition de la théologie catholique
Quel est l’enjeu de l’étude de « l’homme dans l’évolution de la théologie du Verbe incarné » ?
J’ai essayé de montrer que la pensée de Bérulle est bien plus riche que ce qui a été reconnu. La reprise de ses travaux par Bremond a affecté la réception de ses écrits, le reléguant parmi les auteurs spirituels et non parmi les théologiens.
L’originalité de la théologie du Verbe incarné de Bérulle est définie par sa capacité de synthèse entre les différents auteurs qu’il avait lu ; par exemple, il a été capable de «légitimer» l’humanisme florentin que l’Eglise avait auparavant condamné.
En quoi sa pensée est-elle toujours pertinente ?
Aujourd’hui, son actualité consiste àproposer une anthropologie équilibrée, dans laquelle la centralité de l’homme ne néglige pas sa référence àDieu et sa propre dimension de créature. Sa réflexion sur le « néant » permet même une comparaison intéressante avec le concept de limitation, exploré àla fois par la philosophie existentialiste et par la psychologie.