C’est par la philosophie que ce fils de marin est arrivé au presbytérat ! Etudiant en sciences économiques àParis, mais « très interloqué par les enseignements d’Emmanuel Levinas sur l’éthique et la religion», le jeune Yves passe beaucoup de temps sur les bancs de la faculté de philosophie de la Sorbonne. « Je n’ai jamais vraiment eu de certitude concernant ma vocation, mais ma réponse a l’appel de Dieu s’est peu a peu affermie en moi. Je pense; qu’on n’a jamais fini d’être prêtre et qu’on peut le devenir chaque jour un peu plus. » C’est vers les Oratoriens qu’il décidera de se tourner, touche par « l’attention a l’humanité du Christ » qu’ on trouve clans cet ordre. La spiritualité oratoÂÂrienne invite en effet « chaque homme a encourager sa propre humanité pour rejoindre celle du Christ ». Et pour le prêtre, la foi et la liberté fonctionnent nécessairement ensemble. « La foi n’est pas contraire a la liberté de l’homme », rappelle- t-il.
Le P. Trocheris connait bien St-Eustache qu’il retrouve avec joie. « C’ est un lien presque affectif que j’entretiens avec les personnes, comme avec le bâtiment. Et j’aimerais que quiconque passe la porte de cette église s’y sente pleinement accueilli. » Dans une tradition d’accueil inconditionnel propre a cette paroisse, il précise : « Tout le monde doit se sentir écouté et aimé, quels que soient ses origines et son vécu. » Loin de toute revendication politique, l’homme d’Eglise tient àne rejeter personne. « Refuser le baptême a un enfant sous prétexte que ses parents sont homoÂÂsexuels serait du point de vue de la foi un acte très grave. Le fond des choses demeure la promesse de la Résurrection telle que Dieu la destine a toute personne baptisée, tout enfant baptisé. »
Loin de nier les problemes existants, il analyse : « l’accueil de l’étranger est aujourd’hui le défi majeur de la société européenne ». Il appelle donc à« une mobilisation de l’esprit afin que la diversité croissante de la société soit un facteur de renforcement de la réconciliation et de la paix ». Dans cette logique de rapprochement, ce 11 novembre, le nouveau curé célébrera avec des prêtres allemands et des membres de la communauté catholique de Wiesbaden une messe de commémoration de tous les hommes morts au combat et des victimes de la Première guerre mondiale.
Le nouveau curé aime a citer Pierre de Bérulle, fondateur de l’Oratoire de France : « Chaque personne est un monde. »«Un monde voulu par Dieu », précise-t-il. Jésus-Christ est la gloire de Dieu et tout homme est appelé librement a participer de cette gloire. »
Mathilde Rambaud pour Paris Notre-Dame.ÂÂ