L’édito de Saint-Bonaventure
Semaine du 31 janvier au 6 février
C’est àl’invitation du père Antoine Adam que je me retrouve l’hôte surpris et reconnaissant de votre feuille hebdomadaire et je le remercie pour cette « hospitalité de la plume », qui nous permet au lendemain même de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens de redire notre volonté partagée d’un œcuménisme pratique vécu au quotidien. Oui, vivre l’hospitalité entre églises sœurs, cela ne saurait se résumer àla seule question si délicate et ecclésiologiquement assez technique, de « l’hospitalité eucharistique ».
Nous pouvons explorer ensemble et de manière créative des formes d’hospitalités nouvelles qui fortifieront notre connaissance mutuelle, notre lien fraternel et notre désir de témoignage commun : hospitalité de la parole, hospitalité du débat et de la réflexion, hospitalité de l’engagement sur le terrain social comme sur celui de la mission. Hospitalité de la mémoire et de l’histoire puisque la perspective des 500 ans de la Réforme pointe le bout de son nez (2017) et qu’il serait plus que souhaitable de pouvoir aborder cette célébration de manière œcuménique. S’il est vrai que le Dieu de Jésus-Christ se présente sans cesse comme le Dieu des surprises, toujours inattendu dans sa manière de tisser la rencontre, de bousculer nos préjugés et nos habitudes…alors sans doute nos manières de vivre l’œcuménisme doivent elles aussi s’aventurer àquelques audaces et autres surprises.
L’actualité de nos Églises, par exemple autour des questions d’éthique familiale, témoigne que les tensions et les débats ne se situent pas simplement entre églises, mais bien àl’intérieur de chaque Église, faisant de la question de l’unité un défi àmultiples facettes.
Ainsi, revisiter, comme le fait cette année l’Église catholique, la place essentielle de la miséricorde divine, est un apport précieux et utile pour nous tous. Je suis aussi convaincu que l’héritage du dialogue œcuménique qui, àl’instar du groupe des Dombes, nous invite sans cesse àla « conversion des Églises », peut grandement nous aider àdévelopper en interne comme en externe un « vivre ensemble » respectueux, humble, miséricordieux, vivant et innovant. Concilier en une même communauté des profils et des points de vue si différents, voire parfois opposés, n’est possible que dans la mesure où l’on est prêt àprendre au sérieux l’appel àla miséricorde et si l’on est ouvert àun chemin mutuel de conversion.
Nous sommes les uns et les autres très attendus sur cette question du vivre ensemble et sur la manière dont nous relevons le défi d’articuler identité singulière et ouverture àl’autre dans un monde particulièrement éprouvé, où les peurs les plus légitimes comme les plus irrationnelles semblent souvent dicter leur loi. Ce n’est pas un petit défi pour le christianisme contemporain que de témoigner d’une identité reçue en Christ, qui ne saurait se restreindre àune identité culturelle ou civilisationnelle toujours tentée de se replier sur elle-même. Solidement ancrés dans le Christ, nous pouvons nous aventurer àsa suite et jeter des ponts au-dessus des fossés creusés de crainte et de soupçon, d’ignorance et d’indifférence.
Je suis convaincu que nous vivons dans la région lyonnaise une situation particulièrement privilégiée, au bénéfice de plus d’un siècle de cheminement œcuménique marqué par nombre de témoins et de mouvements importants : l’abbé Couturier, le groupe des Dombes, le Centre Saint Irénée et le mouvement des foyers mixtes, les communautés de Taizé et du Chemin Neuf…etc.
C’est aussi àmes yeux un privilège, ànotre échelle, que de vivre depuis plusieurs années un partenariat fraternel entre le Grand Temple et le Sanctuaire Saint-Bonaventure àl’occasion de conférences, de la célébration de l’aube pascale, ou encore du cycle de cinéma œcuménique que nous vivons en ce moment même. Il est clair pour moi que cet œcuménisme de terrain est sans doute celui que nous devons privilégier car il se tisse de relations très concrètes : ce n’est que dans la proximité que l’autre peut prendre le visage du frère.
C’est dans cette perspective que depuis quelques mois nous avons initié avec les délégués épiscopaux àl’œcuménisme un temps de prière œcuménique qui rassemble chaque semaine plusieurs prêtres et pasteurs de Lyon, pour un partage gratuit et fraternel qui contribue àune communion spirituelle profonde. C’est aussi pour rendre plus visible et accessible cet œcuménisme de terrain et de proximité, qu’avec le CREL (Comité des Responsables des Églises de Lyon), nous venons d’inaugurer un site internet que vous pouvez consulter àl’adresse suivante :
http://www.oecumenisme-lyon.com.
C’est dans la reconnaissance et la joie de vivre et de développer ensemble cet œcuménisme de proximité, de défis et de surprises, que je vous salue très fraternellement.
Pierre Blanzat, Pasteur de l’Église Protestante Unie de Lyon Rive-Gauche