Prier pour ceux qui portent le service du bien commun. L’édito de la semaine.
Antoine Adam, recteur de Saint-Bonaventure
La semaine dernière, Luc Champagne du service diocésain « famille et société » présentait àSaint Bonaventure [Sanctuaire lyonnais dont l’Oratoire est en charge] le texte des évêques de France « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique » (téléchargeable ici : Texte_Retrouver-le-sens-du-politique). Occasion de prendre le temps de réfléchir aux enjeux citoyens, avec un texte pensé et ciblé, nous invitant àprendre de la hauteur.
Il y a six ans, un film de Nanni Moretti Habemus papam nous contait une fable sur la crise du pouvoir. Il tissait un récit se terminant sur une élection manquée : celle d’un cardinal élu par ses pairs pour porter la charge pétrinienne et qui se désistait àla fin, tant le fardeau était lourd àporter. Choisissant le décor du Vatican parce qu’il est un lieu symbolique, Moretti visait nombres d’institutions en crise : médiatiques, politiques ou encore culturelles, où les individus sont prisonniers d’un tempo médiatique, pratiquant des discours creux, où la notion de responsabilité s’affadit dans l’égocentrisme. Cet artiste questionnait nos sociétés en se demandant si nous avions la force de faire face aux défis qui sont les nôtres…
Si je suis, comme nombre de mes concitoyens, inquiet des temps que nous vivons, je me souviens aussi des paroles du pape François dans Evangelii Gaudium : « la politique, tant dénigrée, est une vocation très noble ; elle est une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun ». Nous devons nous convaincre que la charité « est le principe non seulement des micro-relations : rapports amicaux, familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations : rapports sociaux, économiques, politiques. Je prie le Seigneur qu’il nous offre davantage d’hommes politiques qui aient vraiment àcoeur la société, le peuple, la vie des pauvres ! ».
Prier pour ces hommes et ces femmes qui donnent de leur temps au service du bien commun, c’est reconnaître que, livrés àleurs propres forces ou faiblesses, ceux-ci ne peuvent accomplir ce service qui les dépasse. Prier, c’est reconnaître que ceux-ci ne viennent àleur maturité que si nous les portons dans l’espérance.
Une vocation, un appel noble, tel est au commencement, le service en politique ! Avant de dénigrer ceux que nous ne trouvons pas àla hauteur des enjeux, àla manière des supporteurs d’un match de foot, peut-être devrions-nous davantage prier pour eux. Ne pas rester àla tribune des invectives, mais prendre part àla souffrance d’exister ensemble en société. Cela suppose un affrontement avec soi-même, contre nos pulsions meurtrières et égocentriques.
Prier pour ces hommes et ces femmes qui donnent de leur temps au service du bien commun, c’est reconnaître que, livrés àleurs propres forces ou faiblesses, ceux-ci ne peuvent accomplir ce service qui les dépasse. Prier, c’est reconnaître que ceux-ci ne viennent àleur maturité que si nous les portons dans l’espérance. Qu’ils ne sont pas des surhommes et sont, comme chacun de nous, traversés de ténèbres et de lumière. Quand saint Paul écrit àTimothée : « J’encourage, avant tout, pour qu’on fasse des prières de demande, d’intercession et d’action de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’états et tous ceux qui exercent l’autorité…», il n’était pas idéaliste mais homme d’espérance, sachant que grandir au service du bien commun est un combat : « Cette prière est bonne et agréable àDieu notre sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent àla pleine connaissance de la Vérité » (1Tm 2). Ce combat du bien commun, n’est pas que l’affaire des élus que nous choisissons ; il est le nôtre, nous avons àle vivre ensemble, c’est un combat spirituel.
Antoine Adam, recteur de Saint-Bonaventure et chapelain de l’Hôtel-Dieu