Quelle présence au cœur de la maladie ?
L’édito de St-Bonanventure, semaine du 7 au 13 février.
L’annonce d’une maladie grave place soudain devant nos yeux et notre conscience l’évidence de notre condition mortelle. Certes, nous le savons tous depuis longtemps, nous sommes mortels ! Reste que, tant que la santé est là, nous le savons, mais … sans le croire vraiment. Cette « connaissance »,  jusque-làintellectuelle, prend corps en nous : la mort n’est plus un concept, elle devient une réalité, une présence qui s’invite chez nous en mettant le pied dans l’embrasure de la porte avant que nous n’ayons pu la fermer. Elle devient une présence qui n’a pas encore mis la main sur nous mais qui habite notre vie. Alors, nous pouvons comprendre que le « paysage » de notre vie change. Les relations avec notre entourage sont modifiées. Comment cela n’aurait-il pas d’incidence dans notre relation au divin ? En quel Dieu croire quand la proximité de la mort fait fondre tous les muscles de nos certitudes ? À quoi la foi peut-elle servir dans l’épreuve de la maladie ?
Dans son livre « Dieu et l’homme souffrant », Bruno Chenu écrit: « La première conviction àrappeler est que la souffrance est un scandale et que la foi chrétienne n’est pas une manière habile de réduire ce scandale. Car tout le ministère de Jésus est une mise en échec de la souffrance, un combat pour l’intégrité de l’homme ». Notre Dieu n’a pas d’autre puissance que celle d’aimer et de nous adresser, lorsque nous sommes dans lasouffrance, une parole de secours. Cependant il nous est parfois difficile de l’entendre. Jésus lui-même sur la croix crie son angoisse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat 27, 46)
L’un des effets les plus courants de la maladie est le repli sur soi. L’être humain se sent seul et abandonné et il a besoin de ses frères pour garder confiance en la vie, pour ne pas désespérer. Le mouvement vers l’autre souffrant construit l’humanité de tous, la présence, l’écoute et la prière sont autant de visages de l’amour de l’autre.
Ainsi, je crois que pour chacun d’entre nous, lorsque l’heure sera venue, nous nous présenterons devant Dieu, forts de l’amour qui nous a unis, forts de notre foi et de notre espérance.
«Et vous qui autrefois étiez étrangers, vous dont les œuvres mauvaises manifestaient l’hostilité profonde, voilàque maintenant Dieu vous a réconciliés grâce au corps périssable de son Fils, par sa mort, pour vous faire paraître devant lui saints, irréprochables, inattaquables. Mais il faut que, par la foi, vous teniez, solides et fermes, sans vous laisser déporter hors de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu, qui a été proclamé àtoute créature sous le ciel et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre. » (1 CO 21,23)
Françoise Zehnacker, de l’équipe rectorale de Saint-Bonaventure.