À mi-chemin de Pâques, je vous livre trois petites notes de ce temps de carême. Nous aimons prendre des nouvelles des uns et des autres, en nous questionnant parfois – surtout les plus âgés – sur notre santé. Mais nous viendrait-il l’idée d’apostropher notre voisin de messe en lui demandant : « Comment va votre carême » ? Pourtant, ne se joue-t-il pas làune question de santé ? À savoir la place que nous donnons au Christ dans notre vie ? C’est parfois une lutte àla manière du combat de Jacob, où se joue l’unité de notre vie que nous ne pouvons pas réaliser par nos propres forces, mais par l’accueil de la présence d’un Autre qui nous connaît plus que nous-même ?
Il est bon parfois de prendre des détours pour fortifier cette marche qui nous conduit vers Pâques. De lire par exemple un livre spirituel qui nous donnera le goût de plonger plus avant dans les Écritures et de mieux les comprendre. Je viens de finir le dernier livre – qui ne manque pas d’humour – du frère dominicain Adrien Candiard : « Quand tu étais sous le figuier ». Je vous le conseille vivement. Ce petit livre nous donne de quoi méditer en remerciant le Seigneur de nous donner àvivre cette vie unique qui est la nôtre, qui peut être plus belle si nous apprenons àla vivre sous son regard.
Il y a deux mois, l’atelier « Fraternité, enjeu politique et spirituel » animé par le père Bernard Devert, fondateur d’Habitat et Humanisme, a réuni plusieurs personnes intéressées par les questions de la politique de l’habitat.
Un des fruits de cet atelier est l’écriture d’une lettre adressée aux candidats se présentant àla Présidence de la République. Si nous n’avons pas àprendre position sur tel ou tel candidat, nous pouvons comme citoyens de ce pays interroger ceux àqui nous allons confier une responsabilité engageant notre avenir commun. Cette lettre pose de bonnes questions que nous ne prenons pas toujours le temps de travailler. Elle nous aide àne pas dissocier notre vie spirituelle de la vie de la cité. Aussi nous insérons dans ce bulletin cette lettre qui nous rappelle que vie chrétienne et vie citoyenne s’articulent, puisque la foi au Christ donne àvoir l’espérance du Royaume où chaque être humain a sa place.
Enfin, il y a un an disparaissait le père Rémi Lescot. Le dimanche 27 mars, jour de Pâques, notre confrère oratorien, rendait son dernier souffle. À l’approche de cette date anniversaire, je ne peux m’empêcher de repenser àce singulier départ, àcette mort le jour même où nous fêtions la victoire du Christ sur la mort. Comme prêtre je n’ai pu être qu’étonné de ses derniers jours (le triduum pascal) qui rendaient une note si juste du mystère qu’il avait célébré en y engageant sa vie. Elle est comme un appel donné àchacun d’entre nous àfaire confiance en ce Seigneur que nous célébrons en Église.
 Antoine Adam, prêtre de l’Oratoire recteur de Saint-Bonaventure et chapelain de l’Hôtel-Dieu