[RENCONTRE] Ne pleurez plus, il est vivant. La peinture de Soeur Françoise Ménétrier
Durant le Temps Pascal, l’équipe de Saint-Bonaventure a choisi de vous proposer, comme support à votre prière, quelques tableaux de Françoise Ménétrier, une sœur ermite qui vit dans la forêt ardéchoise depuis plus de quarante ans. Nous sommes allés à sa rencontre.
Quand on demande à soeur Françoise ce qui l’a poussée à devenir ermite, elle dit : « Ce n’est pas un choix mais une réponse à un appel profond. Dès l’adolescence, j’ai cru que je devais répondre un jour â un appel intérieur et puis ce jour est arrivé ».
Pour elle, être ermite, c’est vivre la solitude à l’école des Pères du désert, école toujours actuelle parce qu’elle s’inspire de l’Évangile. Elle tente de vivre dans la solitude et la paix, dans la sobriété, le silence, la prière en lien avec L’Église. Les moyens pour cela sont ceux de l’ascèse monacale qui n’est pas un but en soi mais un moyen pour accéder à l’union intime avec le Seigneur. Pour cela, le jeûne, la simplicité de vie, la grâce de son célibat consacré aident à combattre les pensées qui accaparent, comme disent les Pères du désert. Un autre moyen est l’obéissance à son père spirituel. Dans la tradition monastique, le père est le garant du parcours humain et spirituel. Il est le garde-fou pour ne pas tomber dans le rêve ou l’orgueil.
Être ermite, c’est rester dans le silence à l’écoute de la Parole de l’Évangile, lu, médité, murmuré par le cœur comme un chant. Tout au long des jours. La prière continuelle évacue toute vaine pensée. Dans la quiétude du désert, les combats ne manquent pas mais Dieu donne sa Grâce pour vivre dans la stabilité de l’ermitage et l’humilité.
Elle cite ce passage du sermon de saint Bernard pour l’Ascension qui résume pour elle toute vie contemplative : « Heureux es-tu d’entendre dans le silence le pouls du murmure divin, silence dans lequel il est vraiment bon pour l’homme d’attendre son Seigneur ».
Quant au choix des oeuvres exposées, elle explique qu’il correspond aux temps liturgiques. La grande richesse de l’Église est de nous offrir des temps forts tout au long de l’année. Ces fêtes de la foi jalonnent notre route : le Carême, le Temps Pascal, la Pentecôte. « Ces temps vécus en solitude, j’essaie de les exprimer par la peinture. »
Enfin, si on lui demande si on peut envisager un vernissage en sa présence, elle répond : « Pour une ermite, sortir de son ermitage est une aventure. Je l’ose pour témoigner. Ça m’encourage pour continuer à créer humainement et je m’appuie sur la parole d’un ancien cardinal de Lyon, Jean-Marie Billé : Seul l’Esprit, s’il souffle sur la glaise peut créer l’homme ».
Françoise Ménétrier sera présente à Saint-Bonaventure le week-end du 13 et 14 mai.
Propos recueillis par Nicole Noble et Françoise Zehnacker