La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens vient de se clore. Ce rendez-vous est inscrit dans le calendrier des communautés chrétiennes depuis le début du XXème siècle. Il nous rappelle àune urgence qui ne faiblit pas, tout au contraire. Son enjeu n’est pas seulement de retrouver une concorde malgré les déchirures de l’histoire. Ce qui est en cause c’est la fidélité même des chrétiens àCelui dont ils se réclament. C’est aussi le témoignage qu’ils rendent àDieu reconnu et confessé comme « communion d’amour ».
La variété des visages des communautés chrétienne est une bénédiction : elle traduit la richesse de la vie elle-même dans la diversité des expressions du Mystère chrétien. En revanche la division demeure un scandale. Un scandale si bien installé qu’on y est presque habitué…Hélas ! Trois fois hélas ! Mais un scandale tout de même et un grave contre-témoignage tout àfait ruineux qui doit interroger tout un chacun.
Le P. Paul Couturier a écrit la prière que voici :
« Seigneur Jésus, toi qui àla veille de mourir as prié pour que tes disciples soient parfaitement un, comme toi en ton Père et ton Père en toi, fais-nous ressentir l’infidélité de notre désunion. Donne-nous la loyauté de reconnaître et le courage de rejeter ce qui se cache en nous d’indifférence, de méfiance et même d’hostilité muette. Accorde-nous de nous rencontrer tous en toi, afin que de nos âmes et nos lèvres, monte incessamment la prière pour l’unité de tous, telle que tu la veux, par les moyens que tu veux. Et toi qui es la charité parfaite, fais-nous trouver la voie qui conduit àl’unité, dans l’obéissance àton amour et àta vérité. Amen. »
Le défi spirituel est toujours le même : faire sien le propos du Seigneur qui a donné sa vie « pour que tous soient un ». Tous ? Oui, tous ! Car c’est l’unité du genre humain qu’il a en vue. La communauté des disciples – l’Église – a pour mission de relayer ce propos du Seigneur en le traduisant dans son témoignage et dans son engagement àconstruire la paix et le vivre ensemble, pour la part qui lui revient.
Ces jours-ci (mardi 31) nous recevrons Enzo Bianchi, fondateur d’une communauté monastique œcuménique en Italie. Au cœur de ce projet, une conviction profonde : l’écoute de la Parole du Seigneur est source de vie et de communion. Elle dilate le cœur et ouvre des voies sans cesse renouvelées au vivre-ensemble. Personne ne peut douter que notre société souffre d’un manque de lien, qu’elle court le risque de la fragmentation. Laissons donc l’Évangile nous donner les mots de la prière et orienter notre action commune « pour que tous soient un », dans l’amour. Il y a urgence !
Gilles-Hervé Masson, dominicain, vicaire àSaint-Eustache.