« Tirons parti de la diversité »
Méditation biblique de Michel Quesnel
Méditation biblique de Michel Quesnel
Première lecture du vendredi 17 février 2023
Toute la terre avait alors la même langue et les mêmes mots.
Au cours de leurs déplacements du côté de l’orient, les hommes découvrirent une plaine en Mésopotamie, et s’y établirent.
Ils se dirent l’un àl’autre : « Allons ! fabriquons des briques et mettons-les àcuire ! » Les briques leur servaient de pierres, et le bitume, de mortier.
Ils dirent : « Allons ! bâtissons-nous une ville, avec une tour dont le sommet soit dans les cieux. Faisons-nous un nom, pour ne pas être disséminés sur toute la surface de la terre. »
Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties.
Et le Seigneur dit : « Ils sont un seul peuple, ils ont tous la même langue : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront.
Allons ! descendons, et là, embrouillons leur langue : qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. »
De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre. Ils cessèrent donc de bâtir la ville.
C’est pourquoi on l’appela Babel, car c’est làque le Seigneur embrouilla la langue des habitants de toute la terre ; et c’est de làqu’il les dispersa sur toute la surface de la terre.
Genèse 11, 1-9
L’épisode mythique de la Tour de Babel est présenté par la Bible comme un événement malheureux : la construction de cette tour dont le sommet serait dans les cieux est un geste dicté par l’orgueil. Cet orgueil est favorisé par le fait que tous les humains formaient un seul peuple et parlaient la même langue. Ils pouvaient s’organiser pour défier le Créateur.
Ce dernier prenait alors la décision d’embrouiller leur langue « afin qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres », et de les disperser sur toute la surface de la terre. De làviendrait la diversité des peuples et des langues. Mais est-ce un mal ?
En 1990, un certain François Marty (pas le cardinal qui était déjàdécédé) publia un ouvrage intitulé La bénédiction de Babel. C’est une lecture originale de l’épisode biblique. Pour cet auteur, la diversité des peuples et des langues doit être considérée comme une chance et non pas comme un malheur. Cela permet l’altérité. La présence de plusieurs autres ànos côtés, différents de nous, nous permet une ouverture salutaire. N’avoir ànos côtés que du même et du semblable serait un appauvrissement.
J’apprécie cette lecture. Nous sommes souvent en relation avec des gens qui nous ressemblent. Les réseaux sociaux favorisent encore cette situation. Les qualités et les richesses de gens différents de nous peuvent nous faire bouger, nous faire avancer. Le débat et même parfois la confrontation nous conduisent àaller au-delàde nos horizons spontanés, et c’est un bien.
Dieu lui-même n’est-il pas le Tout-Autre ?
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àLyon
Version pdf imprimable N&B en format A4 :
Illustration : La Tour de Babel, cercle de Tobias Verhaecht, collection privée, vers 1605