Notre époque ressemble àcelle de François de Sales : temps de bouleversement, de ruptures, d’angoisse. Dans ce qui semble un chaos, grande est notre attente, profond est notre désir de nous diriger sur un chemin d’Espérance, de gouverner nos vies selon la parole du Christ. D’où l’actualité de François de Sales qui fut àla fois un intellectuel, un grand communicant, avec une spiritualité engagée dans la société.
Né en en 1567 àThorens, destiné àdevenir le chef d’une famille noble, François de Sales reçut la parfaite éducation humaniste préconisée par Montaigne et Rabelais : une tête bien faite. Il restera très lié aux intellectuels de son temps, dont son ami Honoré d’Urfé. Il faut peut-être voir dans cette solide formation intellectuelle le fondement de la passion de François de Sales pour l’accompagnement spirituel et la capacité de discernement. Il fut également très engagé dans les débats intellectuels et spirituels de son temps. Il a été confronté jeune àun combat spirituel qui a beaucoup agité l’Église et la société chrétienne durant plusieurs siècles, déchirant l’Église catholique : celui de la prédestination.
Patron des écrivains et des journalistes, François a beaucoup écrit utilisant les médias de son époque.
L’imprimerie, une invention encore récente, a mis les connaissances àla portée de tous. Le français est langue officielle depuis 1539 mais tous les livres religieux sont encore écrits en latin. C’est pour « plaire aux dames » que François de Sales a choisi d’écrire en français : il savait qu’il pourrait les toucher car elles ne connaissaient pas le latin.
En 1594, François est envoyé en Chablais : plaine de la Haute-Savoie du Nord, au bord du lac Léman, dont la capitale est Thonon. Son souverain, Victor Emmanuel, vient de récupérer cette région auparavant annexée par Berne, qui avait contraint le pays au calvinisme. Les prêtres catholiques y sont persécutés, les églises brûlées.
François de Sales doit le ramener dans le giron de l’Église. Au péril de sa vie, il refuse toute escorte armée. Pour convaincre les chablaisiens, il invente le tract. Il glisse des feuillets, méditations sur la Bible, point fort des Calvinistes, sous les portes des maisons. Il parle de l’Amour de Dieu. Les deux livres majeurs de François de Sales, « L’Introduction àla vie dévote » et le « Traité de l’Amour de Dieu » révèlent un grand écrivain. La qualité de l’écriture se distingue par une maîtrise extraordinaire de la métaphore comme support de la pensée. Les images sont le plus souvent empruntées àl’observation de la nature dont la beauté, pour François, témoignait de l’amour de Dieu pour l’humanité. Il avait également le sens de la formule, on dirait aujourd’hui l’art des petites phrases. « Il faut fleurir làoù Dieu nous a plantés ». Après la Mission en Chablais qui l’a fortement marqué, François de Sales se consacre àl’accompagnement spirituel et àla prédication.
En 1604, alors qu’il prêche le Carême àDijon, il rencontre une jeune veuve de trente-deux ans, mère de quatre enfants, Jeanne de Chantal. Ils ne se sont jamais vus mais ils se reconnaissent. « Nous allons assister àla naissance, au développement, àl’épanouissement d’une des plus grandes amitiés qui lia jamais un directeur et sa dirigée. » écrit André Ravier. En 1610, Jeanne de Chantal fonde àAnnecy, avec François de Sales, l’Institut de la Visitation qui deviendra monastère avec une clôture aménagée, permettant aux religieuses de sortir pour visiter les malades.
C’est avec « L’Introduction àla vie dévote » que François de Sales fera découvrir une vie spirituelle àla portée de tous. « La dévotion doit être différemment exercée par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariée ; et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier. »
Or, en 1609, le désir d’une relation personnelle àDieu était grande et sans réponse. « François de Sales a senti intensément son époque, son malaise, ses besoins, ses appels » écrit André Ravier. « Il a perçu les réponses que les uns au nom de la théologie, les autres au nom de l’humanisme, de la Bible, de la Réforme, de l’expérience mystique, tentaient de donner àces appels ; et ces réponses, il les a dominées, assumées, transformées… »
Marie Paule Dimet, paroissienne de Saint-Bonaventure, membre de l’équipe » un livre, un témoin«
Cette année, le sanctuaire Saint- Bonaventure propose, pour le week-end de la Pentecôte, une marche spirituelle sur les pas de François de Sales. Les informations pratiques sont àretrouver ici.