Ce troisième dimanche de carême, 19 mars, nous vivrons de manière cachée la fête de saint Joseph – elle sera en principe célébrée le lendemain. Cela convient bien àsaint Joseph d’être caché derrière la solennité du Seigneur. Il a été caché toute sa vie, on ne sait pas grand-chose de lui. Saint-Paul, dans la lettre aux Romains de ce dimanche dit que « nous sommes devenus des justes par la foi ». Joseph est l’homme juste par excellence, l’homme « ajusté » àDieu. Il nous dévoile des vertus essentielles de la vie chrétienne :
Saint Joseph c’est avant tout le silence. Il ne dit rien dans toute l’Ecriture, le seul mot qu’on lui prête c’est celui de « Jésus ». « Tu lui donneras le nom de Jésus », lui dit l’ange en songe (Mt 1, 21). Cette seule parole : « Jésus » fut l’unique prédication de Joseph. Dans la tradition juive, c’est le père qui donne le nom du fils et inscrit la filiation en même temps que la circoncision. « Nazareth, c’est le silence » disait le pape Paul VI, lorsqu’il se rendit sur place en 1964. Mais ce silence n’est pas mutisme, Ce n’est pas une abstention ou une rétention de la parole. C’est un silence habité par une présence : celle du Verbe Incarné au centre de la famille, de « Jésus avec nous » qui se dit aussi l’Emmanuel. A Nazareth, Joseph est le docteur du silence – il se cache derrière le Fiat de Marie. Toute parole de sa part en plus serait superflue. La foi réclame le silence. Le combat intérieur de Joseph, les questions qu’il se pose se sont résolus par sa confiance. Son combat n’a jamais entamé sa foi, mais l’a au contraire purifiée. C’est par le silence et la prière que Joseph a été victorieux. C’est la force qui lui a permis d’affronter le doute en épousant Marie, et le regard des autres.
Joseph est un modèle d’humilité. « Saint Joseph est le modèle des humbles, que le christianisme élève vers de grands destins ; il est la preuve que, pour être de bons et authentiques disciples du Christ, il n’y a pas besoin de « grandes choses » : il faut seulement des vertus communes, humaines, simples, mais vraies et authentiques » J-P II, Redemptoris Custos 24. On ne sait rien de sa mort, il disparaît, sans doute avant la vie apostolique de Jésus, avant Cana, car alors il y aurait été convié. L’existence la plus héroïque ou la plus méritante ne fait pas la sainteté. Marie et Joseph ne sont pas saints pour avoir fait des choses extraordinaires, mais pour avoir accompli humblement, fidèlement et avec une parfaite charité, la volonté du Seigneur làoù ils se trouvaient. « Ce que l’Eglise a de plus illustre, c’est ce qu’elle a de plus caché », disait Bossuet àpropos de Joseph. Que son exemple nous aide àredécouvrir la valeur infinie du silence et de l’humilité.
Père Nicolas de Boccard