Un nouveau livre du Père Gérard Bénéteau
par Thierry De Pauw, paroissien de Saint-Eustache
Après « Journal d’un curé de ville », un beau livre de Gérard Bénéteau vient de paraître («  2000 ans après…Oser encore y croire », aux éditions Fidélité). On raconte, nous rappelle l’auteur, que pendant que les Turcs assiégeaient Constantinople, les prêtres de Byzance discutaient du sexe des anges. N’est-ce pas l’impression que donne parfois l’Eglise ? Le pape François essaie d’y remédier, ce livre ne devrait pas lui déplaire.
Que faire pour rendre audible le message dont les Chrétiens sont porteurs même s’ils n’en sont pas toujours dignes ? Ceux auxquels on doit s’adresser comprennent-ils encore la langue que nous parlons ? Comment parler autrement pour reprendre une transmission de la foi qui semble interrompue ? Que faire pour que les hommes et les femmes de ce temps viennent puiser àla source ? Telles sont les questions que pose Gérard Bénéteau. Après un diagnostic lucide sur l’Eglise d’Occident, et les très discutables signes de regain, il tente d’y apporter quelques réponses. A partir d’une relecture de versets du Nouveau Testament que nous connaissons bien mais qui nous apparaissent si neufs sous sa plume, il esquisse un chemin de renouveau.
Pour lui, s’il est essentiel d’annoncer l’espérance de la résurrection, l’extension du christianisme tient aussi àla fraternité des Chrétiens des premiers temps et àcelle que certains ont su manifester tout au long de l’histoire de l’Eglise. La force du christianisme par rapport àd’autres religions, c’est aussi un Dieu humble qui envoie son fils pour nous parler. Témoigner de ce Dieu proche, fragile et plus porté au pardon que nous ne le sommes nous-mêmes se révèle àl’expérience aussi difficile qu’annoncer le Christ vainqueur de la mort. Que recherchent-ils, ceux et celles qui font face àla complexité du monde et àl’absurdité de leur destin ? Sûrement pas un Dieu auquel il faut se soumettre, mais un Dieu qui sauve, pas une Eglise de la bien-pensance mais une Eglise qui donne l’espérance.
En ces temps de repli individuel nous devons être de ceux qui rappellent qu’il n’est pas de bonheur pour soi tant qu’il n’est pas de bonheur pour tous. On aimerait, dit Gérard Bénéteau, que les choix politiques des Chrétiens soient davantage guidés par un esprit d’ouverture aux autres et de justice que par une vision a priori négative des évolutions de la société. Remettre la morale àsa place, c’est donner la priorité àl’esprit sur la lettre. Nous avons beaucoup àapprendre des premiers temps du christianisme. C’est par l’intelligence des situations particulières que le premier concile de Jérusalem a permis àl’Evangile d’arriver jusqu’ànous. Seule une bonne pédagogie et de la fraternité peuvent susciter de l’intérêt. Il nous faut mieux connaître notre histoire et éviter de la réduire au XIXème siècle.
Arrêtons-nous àl’une des nombreuses propositions de l’auteur. Puisque l’Eucharistie fait l’Eglise, évidence des premiers siècles àrappeler toujours, comment se fait-il qu’on ne soit pas plus déterminé àpermettre aux Chrétiens de se rassembler chaque dimanche et partout ? Pourquoi ne pas mieux distinguer vocation presbytérale et vocation religieuse, cette dernière ne naissant que dans des conditions bien spécifiques ? Pourquoi tant de résistance face au rôle des femmes, premiers témoins de la résurrection ? Comment être tous de ces témoins. Trois versets devraient se trouver àl’entrée de toutes nos églises : « je ne suis venu pour condamner le monde mais pour le sauver », « Je suis le chemin la vérité et la vie » « Je vous appelle amis parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon père ».
En commentant quelques passages de l’Evangile, Gérard Bénéteau nous propose un véritable chemin pour rendre notre Eglise plus crédible et plus missionnaire. Il rejoint le père Moingt qui a intitulé un de ses livres : « L’Evangile sauvera l’Eglise ».
Thierry De Pauw, paroissien de Saint-Eustache