Jean-François Audrain est prêtre du diocèse de Vannes. Il a participé àla naissance de l’Oratoire d’Hyères dans le Var et porte le projet d’un nouvel Oratoire àLorient. Il est l’auteur d’une thèse en théologie spirituelle, Saint Philippe Néri, prêtre dans l’Esprit Saint et le feu, et de l’ouvrage Prier 15 jours avec saint Philippe Néri.
Quel était le rapport de Philippe àla sainteté ?
 J.-F. Audrain : La sainteté est ce qu’il a cherché en premier, avant même la mission et la communauté. Philippe Néri, l’homme, nous tire vers la sainteté. On s’en rend très bien compte dans son procès de canonisation (d’autant plus important que Philippe n’a quasiment pas laissé d’écrits), qui s’est ouvert deux mois après sa mort et qui nous permet de lire les témoignages de ses compagnons. Or, le premier témoignage qui y est fait, relate l’histoire d’une femme qui se meurt et auprès de laquelle on a appelé Philippe. A son chevet, il recouvre le visage de la mourante de son chapeau et prie àhaute voix. Puis il crie son prénom « Délia », « Délia » ! « Mais que voulez-vous ? » lui demande la femme. « Que nous soyons saints ! » lui répond-il et il le répètera trois fois. La femme est revenue àla vie. Par ailleurs, la sainteté de Philippe est une sainteté joyeuse. J’ai fait trois ans de thèse sur l’apôtre de Rome. Jamais ce travail ne m’a pesé, il a été rendu agréable par sa personnalité, c’était joyeux et libérant.
Philippe est le prophète de la présence de l’Esprit en nous. Il se laisse envahir par l’Esprit Saint lors de la Pentecôte de 1544 et ce moment dit quelque chose de cette emprise. Il est vraiment l’icône d’une vie transportée par l’Esprit Saint et qui nous dit : « Pour vous, ça doit marcher aussi ! »
 Dans votre ouvrage, Prier 15 jours avec saint Philippe Néri, vous parlez de la mortification du rational, chère àPhilippe. Pouvez-vous revenir sur ce point ?
 J.-F. A : Philippe est d’une grande humilité. Pour lui, l’intelligence ne nuit pas àla valeur de l’esprit mais il faut que ce soit une intelligence servante, qui ne prenne pas la place de Dieu. C’est ce que Thérèse d’Avila appelle le « point d’honneur », qui correspond àl’orgueil des hommes qui passent àcôté de la sainteté car ils ne sacrifient pas leur point d’honneur. Ils ne dépassent pas ce point d’honneur, ne franchissent pas le pas de se laisser habiter par l’Esprit Saint, quitte àpasser pour fou dans le monde. Philippe est àl’opposé, il préférait passer pour fou que pour saint. Ses pitreries ont en réalité quatre causes : il est naturellement joyeux, les Florentins sont facétieux, c’est un trait culturel, c’est également pour lui une façon d’échapper àses emprises qui le font entrer en transe, enfin parce que se laisser habiter par l’Esprit Saint, et ne pas se soucier des normes, quitte àpasser pour fou, c’est la mortification du rational. On est au-delàde ce qu’on pense devoir faire.
Vous avez quitté la paroisse de Pontivy pour Lorient, dans le but de fonder un nouvel oratoire. Où en êtes-vous de ce projet ?
 J.-F. A : Lorsque plusieurs prêtres se réunissent pour former une nouvelle communauté, il y a une période de probation avant d’être reconnu comme Oratoire. A l’Oratoire, chaque maison a ses propres règles, ce sont les personnes qui donnent àchacune ses spécificités. En règle générale, les périodes de probation durent entre 5 et 8 ans et il faut être au moins quatre prêtres pour la fondation. Mais la vie communautaire est au service de la mission, donc l’idée, c’est qu’une vraie fécondité soit àl’œuvre. C’est pour cela que des laïcs adhèrent également au projet. Pour l’instant, nous sommes dans notre cinquième année, et nous sommes quatre, trois prêtres et un diacre. Si nous restons quatre, nous pourrons être reconnu comme Oratoire. Ce sera àla grâce de Dieu !
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Photographie : Jean-François Audrain (en blanc) et ses compagnons de l’Oratoire de Lorient, en projet