Saint-Eustache, 18 heure, un vendredi du mois de décembre. Il fait nuit. Quelques ombres se glissent sans bruit dans le chœur et s’assoient dans les stalles. Certains sont déjà installés là, tranquilles. Que font-ils ? Rien, du moins en apparence. Ils se taisent. Ils se taisent ensemble pendant une demi-heure. Sur le grand autel, des lumignons. Près du tabernacle, la lampe rouge, signe visible d’une présence invisible, rappelle aux participants qu’ils ne sont pas seuls, mais qu’ils sont accompagnés.
Cette expérience du silence, à la fois intime et partagée, plusieurs d’entre nous l’ont déjà vécue. Du début de l’Avent jusqu’à la Pentecôte, elle est reprise tous les vendredis à Saint Eustache à 18 heures et elle est suivie par la messe, à 18h30. L’Avent, qui nous évoque le temps où Jésus vit caché dans le ventre de Marie, peut favoriser la fécondité de l’expérience du silence. Dans le silence, nous nous coupons des bruits inutiles qui parasitent nos vies et nous nous préparons secrètement à recevoir ce qui est essentiel. Le sens de la messe très simple à laquelle nous participons ensuite, dans le chœur de l’église, devient alors plus facilement perceptible puisque nous nous préparons à accueillir la présence du Christ parmi nous et à devenir ce que nous recevons.
Mystérieusement, la demi-heure de silence partagé du vendredi soir est moins difficile à pratiquer qu’on pourrait le croire. La calme présence des autres participants, leur recueillement perceptible et l’intimité du chœur nous aident à le vivre. Le silence vécu dans la solitude peut être destructeur. Mais le silence accompagné nous réconforte, nous apaise et nous renforce. Il nous prépare à renaître avec le Christ dans l’explosion de la joie de Noël.
Anne Roul, membre de l’équipe pastorale