« Viens et entre en ma demeure, ô Seigneur »
Méditation de Xavier Debelleix
Méditation de Xavier Debelleix
Evangile selon saint Luc
 En ce temps-là, pendant que Jésus parlait, un pharisien l’invita pour le repas de midi.
Jésus entra chez lui et prit place.
Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas.
Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais àl’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. Insensés !
Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ?
Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. »
 Luc 11, 37-41
Si nous pouvions recevoir ce texte autrement que comme une condamnation de ce pauvre Pharisien, une de plus ! Lui qui a eu l’audace, ou la drôle d’idée, d’inviter Jésus àdéjeuner chez lui, dans son intérieur ! Essayons ! D’abord, la scène racontée ici se passe non pas dans le temple, ni dans la synagogue, mais tout simplement àla maison. Jésus peut donc être invité, comme ça juste pour manger et nous rencontrer, dans notre intimité. Il semble bien que oui ! Mais il ne semble pas intéressé par l’extérieur des choses, par l’apparence et ce qu’on donne àvoir, ou par le strict respect du rituel. C’est notre intérieur qui retient son attention, ce qu’il y a dans notre cœur, Il voudrait que « tout » soit pur en nous ; l’extérieur pourquoi pas, àcondition qu’àl’intérieur il n’y ait ni cupidité ni méchanceté.
Il nous souhaite d’être pur car « heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » Inviter Dieu chez soi, lui proposer de s’asseoir ànotre table, n’est-ce pas lui dire ou lui chanter (comme l’a si bien mis en musique un de mes amis) :
« Viens et entre ma demeure, ô Seigneur, qu’elle soit tienne, qu’elle t’appartienne ; j’aspire au jour béni où ta parole s’accomplit ».
Nous avons du travail àfaire pour nettoyer notre intérieur ! Finalement, c’est comme le ménage dans une maison, il faut recommencer souvent. A chacun de voir comment il fait le ménage en lui. En tout cas, Luc nous donne ici un bon moyen de nous purifier : apprendre àdonner en aumône ce que nous avons. Donner, partager, faire attention les uns aux autres, cela vaut d’abord et surtout pour chacun de nous ! Mais cela vaut aussi pour tout ce que notre Eglise Institution donne àvoir. Qu’elle ne se préoccupe pas – ou pas trop – de ce qui brille àl’extérieur (riches ornements, rites liturgiques pompeux, décorum et encens et tous les fastes d’un autre temps). Faisons en sorte, ensemble, chaque fois que nous le pouvons, làoù nous sommes, que notre église brille surtout de l’intérieur d’elle-même, de la parole qu’elle transmet comme elle l’a reçue, de la bonne nouvelle qu’elle annonce àtout homme en s’invitant chez lui. L’actualité récente nous rappelle l’urgence de cette purification.
Et si le synode voulu par notre Pape François, c’était surtout pour ça, pour un grand ménage intérieur, àla suite de Jean XXIII qui voulait, avec Vatican II, « dépoussiérer l’église » ! On peut donc parler de tout ça… àtable.
Bon appétit !
Xavier Debelleix
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Illustration : Le Repas chez Simon, Philippe de Champaigne, vers 1656, Musée d’Arts de Nantes