Voyage en poésie
Éditorial de l’église Saint-Eustache
Je lève mon cœur lourd solennellement,
Comme Electre son urne sépulcrale,
Et, regardant dans tes yeux, je renverse
Les cendres àtes pieds. Vois, sois témoin
De la peine secrète amassée en moi,
Et comme les sauvages étincelles rougissent
La couleur des cendres. Si ton pied méprisant
Pouvait les refouler dans les ténèbres
Ce serait bien, peut-être. Au contraire si
Tu attends près de moi que le vent souffle
Cette poudre grise, … ces lauriers sur ta tête,
Æmon aimé, ne te préserveront
Pas si bien que nul feu ne puisse roussir
Tes cheveux. Eloigne-toi donc de moi. Va.
Elizabeth Browning
« La femme existe-t-elle? »
avec le collectif Théâtre sur la Cerise
Mardi 10 mars à19h30
en salle des Colonnes, entrée par le 2 impasse Saint-Eustache, 75001
Entrée libre
« Nous sommes huit femmes d’âges, d’origines, de cultures différentes nous investissons l’espace avec nos mots, avec nos paroles. Nos textes racontent nos joies et nos difficultés d’être femme et de se tenir debout en tant que telle.
Nous sommes nées au Maroc, en Algérie, en France, au Brésil, nous sommes d’origine catalane, Mauricienne, nous parlons de nos mères, de nos grand-mères et de nous. Nous racontons nos peurs, nos rages, nos blessures. Nous décrivons les violences et les humiliations dont nous sommes chaque jour victimes. Nous sommes mères et pour nos filles et pour les filles et les femmes d’aujourd’hui nous parlons, nous défions, nous voulons nous faire entendre.
Nous n’avons pas encore une place, la place qui nous revient en tant qu’être humain. Les événements de ces derniers mois ne nous ont pas rendue plus confiante en l’avenir. Les média et les politiques ont voulu nous apaiser après les déclarations des femmes célèbres maltraiter par la suprématie masculine. Tant que l’éducation ne prend pas en charge le respect de l’autre (que cet autre soit une fille ou un garçon) nous ne pourrons pas avoir confiance en l’avenir. Tant que les hommes n’auront pas conscience que…
« Et parce que je suis une femme, je réponds : « Comment peut-on ne pas être féministe ? Sans nier des millénaires d’histoire, sans s’aveugler sur ce qui se passe aujourd’hui même contre les femmes dans le monde entier ? » Questionne Isabelle dans un sourire. « Pourquoi en tant que femme doit on se déguiser pour incarner notre identité ? » s’insurge Claire.
Cette mise en espace scénique inhabituelle : spectateurs placés face-à-face, séparés par un tapis rouge, et les comédiennes jouent dans les coins tantôt dans le dos de la moitié des spectateurs qui doit se retourner pour les apercevoir, créant ainsi physiquement le « dérangement » d’être femme. Jamais nous ne pouvons nous sentir confortables, jamais libres de nos actes et paroles, jamais libres dans nos corps, objet de désir et de répulsion. Un corps de femme est sans cesse bousculé, utilisé, piétiné. »
Danse au rythme de lectures par Raphaël Cottin et Jean Guizerix
Vendredi 27 mars à19h
Entrée libre
La danse est présentée par Mallarmé comme « un poème dégagé de tout appareil du scribe » (Divagations, 1897). C’est ce paradoxe d’un poème non inscrit dans la langue que l’église Saint-Eustache vous propose de rencontrer pour ce nouveau rendez-vous autour de la poésie.
La lecture de poèmes ainsi que l’énoncé de quelques réflexions autour de leurs relations àla danse, au corps, au langage et au mystère, seront ponctués par des danses improvisées ou composées, en silence, en textes ou en musique.
Cette rencontre sera animée par Raphaël Cottin, danseur, chorégraphe et spécialiste en écriture et analyse du mouvement, avec la participation de Jean Guizerix, danseur étoile émérite de l’Opéra national de Paris. Cédric Jullion, flûte, Hélène Schmitt, violon.
De Cerise àSaint-Eustache, le trait commun est celui de l’écoute : ces deux lieux sont l’un àl’écoute du quartier et l’autre àl’écoute de la Parole ; chacun àsa façon est àl’écoute de la vie et de son langage. Or, ici et là, les oreilles prennent-elles le temps de sortir des sentiers battus des mots et du rapport qu’on a avec eux ? Pour ce faire, pour interroger notre rapport au langage – qu’il soit celui des hommes ou celui de Dieu – et pour renouveler notre écoute, l’année 2019-2020 a été placée sous le signe de la poésie qui est peut-être de tous les genres littéraires celui qui nous invite le mieux àfaire l’expérience de l’intime et du lointain, àquestionner les catégories qui fondent notre rapport aux autres, aux choses et leur vérité.